Du diplôme d’anglais à l’agriculture, le parcours de Mamadou
— Réintégration
Mamadou est rentré du Niger en 2020 grâce à l’assistance au retour volontaire et à la réintégration de l’OIM avec l’appui financier de l’Union européenne, au terme d’une aventure migratoire de près de 5 ans qui l’a conduit successivement au Mali, au Maroc, en Algérie et au Niger.
C’est après l’obtention de son diplôme d’anglais en 2015 en Sierra Leone que Mamadou décide de rentrer en Guinée. Persuadé d’avoir le diplôme qu’il faut et les compétences requises, il se lance dans la quête d’un travail, sa première expérience professionnelle. Au bout de plusieurs mois de recherches vaines, il désenchante avant de se lancer dans le transport (taxi moto).
De cette activité, Mamadou parvient à subvenir à ses besoins et, à soutenir par moment ses parents pour les dépenses de la famille. Mais cela n’était pas assez suffisant à ses yeux, il avait l’impression d’être inutile, pire de stagner. C’est alors que l’idée de partir commence à germer dans sa tête. N’ayant pas mobilisé suffisamment de ressources pour cela, Mamadou continue de travailler avec hargne pour combler le gap financier et pouvoir enfin partir.
En 2016, Mamadou quitte la Guinée pour l’Algérie en passant par le Mali et le Maroc. En Algérie, pour survivre, le jeune migrant enchaîne les petits boulots. Il sera arrêté et contraint de joindre ses proches restés au pays pour payer la rançon exigée par ses geôliers pour sa libération. Ne voulant pas faire de la peine à ses parents, Mamadou se tourne alors vers son ami.
« Un jour, je me suis fait arrêter, jeter dans un foyer avec d’autres jeunes comme des malpropres, sommés par nos ravisseurs de demander de l’argent à nos familles restées au pays. Pour ma part, je ne voulais pas infliger cela à mes parents, alors, j’ai remis le numéro de mon ami et c’est ce dernier qui a payé, » se souvient Mamadou.
À sa sortie, Mamadou continue de vaquer à ses petites activités avec toujours le vieux continent en ligne de mire. Mais cela ne dure pas, il est de nouveau arrêté, cette fois par les forces armées algériennes qui le ramènent jusqu’à la frontière nigérienne. Abandonné sans ressources, Mamadou se renseigne et finit par retrouver le bureau de l’agence des Nations Unies en charge des migrations où il demande une assistance au retour.
Dès son retour en Guinée, il entre en contact avec d’autres bénéficiaires au cours d’une rencontre organisée par l’OIM à Dounet, Mamou. Mamadou cherche des collaborateurs qui veulent évoluer dans l’agriculture afin de former un groupement.
« Je me suis passionné pour l’agriculture lors de mon aventure ; donc je savais dans quoi je voulais être réintégré. Après la formation de notre groupement, l’OIM a loué à Dounet 1 hectare et demi que nous mettons en valeur en cultivant du piment, de l’aubergine, du concombre et du gombo. Ils nous ont remis un montant de 51 000 000 (environ 5 000€) pour la mise en œuvre de notre projet. »
« Par récolte, on peut avoir entre 60 à 90 sacs d’aubergines. Notre projet a été lancé en janvier 2021, depuis, nous sommes à notre 6e récolte. Pour le moment, nous vendons aux femmes le sac d’aubergine à 130 000 gnf (13€), qu’elles revendent à Conakry. »
Mamadou et ses amis sont fiers du travail qu’ils accomplissent, mais sont conscients des défis énormes qu’il leur faut relever.
« J’aime le travail que je fais car la terre ne trahit pas. Il faut être persévérant, courageux et patient pour voir le résultat de son travail. Mais il nous reste encore beaucoup à faire notamment trouver une clientèle régulière pour éviter de perdre nos cultures après la récolte. »
Aux jeunes, Mamadou lance cet appel
« La migration irrégulière n’est jamais la solution. À mes frères, je dis de se former, travailler et rester chez nous. À défaut de cela, je les invite à mieux mûrir leur choix de voyage et de le faire dans les règles. »
#AfricaTrustFund
