Le combat des Femmes maraichères dans le conflit agro-pastoral

OIM Guinée
3 min readMar 7, 2023

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— Peacebuiding

©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

Djénèba, 30 ans et mère de six enfants, pratique la culture maraîchère à Sambayah, un village d’agriculteurs Dialonkés, dans la Sous-préfecture de Hermakonon. Avec les revenues qu’elle génère de la cuture maraichère, elle nourrit sa famille.

La Haute Guinée est une région très aride ce qui oblige Djenèba à arroser quotidiennement ses cultures. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

En plus d’être la responsable de la sécurité alimentaire dans son foyer, Djénèba se charge aussi de la formation et de l’éducation de ses nombreux enfants. Elle trouve ses ressources en vendant sur le marché les légumes et autres qu’elle récolte dans son jardin.

Cependant, elle fait partie des nombreuses femmes, victimes chaque année dans la région de Faranah, de la destruction de leurs cultures par des troupeaux laissés en liberté.

Les bêtes en liberté dans les plaines de Hermakonon sont souvent accusées d’être à la base des conflits agro-pastoraux dans la zone, avec la destruction des cultures. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

Djénèba raconte qu’en 2021, les vaches d’un voisin, laissées sans surveillance, ont saccagé son champ, la laissant sans ressource. Face au refus de l’éleveur local de rembourser les pertes causées par son cheptel, elle s’est vue contrainte de migrer vers une localité de la région voisine.

« Je n’avais plus rien, moi une mère de famille. Comment je pouvais nourrir mes enfants ! Je m’étais endettée pour me lancer dans le maraîchage et devais obligatoirement rembourser mes créanciers. Je suis donc partie à Siguiri, dans les zones d’exploitation d’or, pour travailler. Ce n’est que l’année suivante que j’ai pu regagner mon village. »

Agriculteurs et éleveurs ont convenu d’une période annuelle durant laquelle les bêtes sont laissées en « divagation », durant cet intervalle, elles peuvent paître en toute liberté. Les incidents ne sont cependant pas rares. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023
Ce besoin en bois a des conséquences non mesurées sur l’environnement. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

Heureusement qu’à son retour, Djénèba croise la chance. Depuis juillet 2022, elle bénéficie d’un accompagnement financier et technique, dans le cadre du projet transfrontalier « Consolidation de la paix et renforcement des moyens de subsistance des agriculteurs et éleveurs de bétail dans la région de Faranah », qui lui a permis de relancer son activité maraîchère.

Djenèba cultive notamment de la patate douce. Une partie de la récolte est revendue quand l’autre sert à la consommation familiale. En plus des tubercules, ses feuilles servent à la préparation d’une sauce. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

Désormais, pour ne plus connaitre la même mésaventure et éviter les conflits agro-pastoraux, Djénèba protège sont champ.

Pour cela, en compagnie d’autres agriculteurs, elle part dans la brousse couper et transporter du bois, qu’elle utilise pour clôturer son jardin et protéger sa culture. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

Depuis, elle se sent de plus en plus en sécurité face aux dégâts que les animaux causent dans les champs. Mais pour pérenniser cet acquis, Djénèba et les autres agriculteurs de Sambayah souhaitent avoir des clôtures modernes et écologiques.

La haie d’un jardin potager à Hermakonon. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

Ils sont conscients que, «la coupe du bois, en plus d’être un travail difficile, provoque également des conséquences environnementales, notamment liées à la déforestation ».

Djénèba et d’autres agriculteurs de Sambayah assis à l’ombre après des heures de travail. ©Abdoulaye Sadio Diallo — OIM Guinée 2023

En appliquant des approches innovantes et inclusives à la médiation des conflits et à la communication transfrontalière, le projet “CONSOLIDER LA PAIX TRANSFRONTALIÈRE ET RENFORCER DURABLEMENT LES MOYENS DE SUBSISTANCE DES ÉLEVEURS DE BÉTAIL ET DES AGRICULTEURS EN SIERRA LEONEET EN GUINÉE”, financé par le Fonds de Consolidation de la Paix des Nations Unies, et mis en oeuvre par OIM Guinée, PAM Guinée et Talking Drum Studio, vise à renforcer les relations entre la Guinée et la Sierra Leone en abordant les conflits transfrontaliers récurrents qui se produisent entre les éleveurs de bétail et les agriculteurs.

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